Pourquoi le Mali et d’autres États africains achètent le drone turc Bayraktar TB2 ?

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Les drones turcs Bayraktar planchent désormais de salut pour muscler la lutte contre l’hydre terroriste.

Ces dernières années, le portefeuille clients de l’entreprise turque Baykar Makina fabriquant des drones Bayraktar TB2, s’est étoffé de plusieurs pays africains.

Une hausse de la demande de ces aéronefs de combats sans pilote qui coïncide avec la montée de la menace terroriste sur le continent. Plus aucune semaine ne passe sans que les informations ne fassent cas, de livraisons de drones Bayraktar TB2.

Le jeudi 4 janvier dernier, une vingtaine de drone dont six de type Bayrakatar de fabrication turque, ont été réceptionnés par les autorités maliennes de transition.
C’est le Colonel Assimi Goïta qui a présidé la cérémonie de remise des nouveaux équipements à l’aéroport international Président Modibo Keïta. De nouvelles acquisitions qui s’ajoutent à celles déjà faites en mars 2023 ou encore en décembre 2022 et qui participent à la lutte contre le terrorisme.

« Ces appareils ont été fournis au Mali dans le cadre de la lutte contre le terrorisme international qui constitue une menace pour l’humanité. C’est une responsabilité collective de tous les pays du monde épris de paix et de stabilité de lutte contre le terrorisme dans ses formes », a expliqué Efe Ceylan Ambassadeur de la République de Türkiye au Mali.

Même son de cloche chez le Colonel Sadio Camara, ministre malien de la Défense et des anciens des combattants : « Ces nouvelles acquisitions participent non seulement à l’amélioration de la force de frappe, mais aussi à l’efficacité de l’outil de renseignement des Forces armées maliennes. Ces acquisitions viennent s’ajouter à celles déjà reçues, notamment des équipements de transport et de combat ».

Les deux pays ont ainsi promis de renforcer davantage leurs relations turco-maliennes dans tous les secteurs militaires et civils comme c’est déjà le cas entre Ankara et d’autres pays du continent. Outre le Mali, l’entreprise Baykar compte de nombreux clients.

Un attrait particulier des drones turcs pour des États africains

C’est ainsi, qu’un lot de Bayraktar a été livré en août 2022 au Togo, qui s’efforce de contrer les incursions de bandits armés et de terroristes dans la partie septentrionale du pays en provenance du Burkina Faso. En mai 2022, le Niger a acquis une demi-douzaine de ces aéronefs pour ses opérations militaires contre les groupes insurgés dans la région du Sahel, au Sud du désert du Sahara, et autour du Lac Tchad.

L’Ethiopie, le Maroc, la Tunisie, l’Angola ou encore la Libye passent commande auprès des frères Haluk Bayraktar, directeur général, et son frère Selçuk, directeur technique, qui est marié à Sümeyye, la fille du président Erdogan.

Cet attrait des pays africains notamment les moins nantis pour ces drones turcs, revêt un double intérêt. Ils offrent la possibilité de disposer d’une force de frappe aérienne sans avoir à dépenser les sommes colossales nécessaires à acheter et entretenir des avions de chasse, ni à entraîner des pilotes d’élite. Les drones de surveillance et de combat de dernière génération de type Bayraktar TB2 ont une portée de 150 kilomètres et une autonomie de 20 heures.

Malgré leur efficacité saluée par tous leurs acquéreurs, ils s’accordent à le dire, sans l’appui des soldats au sol, ces engins ne sont que des machines dépourvues de leur véritable puissance. Ces drones sont également critiqués pour leur imprécision.

De nombreuses bavures et des décès de civils ont été reportés depuis leur utilisation sur le continent. En janvier, les travailleurs humanitaires ont signalé que les drones avaient tué plus de 300 civils dans le conflit du Tigré en Éthiopie.

Et l’armée togolaise a admis avoir tué sept jeunes civils par erreur, après qu’un avion – piloté ou non – ait cru qu’il s’agissait d’un groupe de militants et ait lancé une attaque les 9 et 10 juillet.

Les risques de telles erreurs tragiques sont accrus dans les moments de panique face à l’infiltration apparente de djihadistes.

Pour le Togo, le Mali, le Niger et le Burkina, le partenariat d’approvisionnement avec la Turquie est également utile sur le plan politique, car il réduit la dépendance de l’opinion publique à l’égard de partenariats de sécurité étroits avec la France, l’ancienne puissance coloniale, au sujet de laquelle une partie importante de l’opinion publique reste mal à l’aise.

Du point de vue d’Ankara, il y a aussi des attraits : la “diplomatie des drones” et le partenariat militaire sont devenus un outil important de la politique étrangère du président Recep Tayyip Erdogan au sud du Sahara, complétant des atouts plus anciens tels que la construction d’aéroports et d’autres infrastructures clés.

La Turquie fait partie de l’OTAN, le seul membre musulman de la coalition militaire des nations occidentales.

Elle possède la deuxième plus grande armée permanente de l’alliance après les États-Unis et partage la technologie militaire avec ses alliés.

“Le gouvernement d’Ankara a constitué une importante force de drones au cours des 20 dernières années”, explique Arda Mevlutoglu, analyste de défense indépendant basé en Turquie.

“Ils utilisent efficacement leurs drones dans des opérations de sécurité, en Turquie et au-delà des frontières, [contre les militants séparatistes kurdes, le PKK, depuis le milieu des années 1990].

La technologie des drones a reçu la priorité absolue dans le développement de l’industrie de la défense du pays. En termes de capacité opérationnelle et de production, la Turquie occupe une position sans précédent dans la région, à l’exception d’Israël.”

A Diallo

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