Affaire Ndella Madior Diouf : Ce qu’en pense El Hadj Hamidou Kassé

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Le scandale de la pouponnière de Ndella Madior Diouf a remis dans le débat public la question de la prise en charge de la petite enfance dans les politiques publiques, mais aussi le rapport des Sénégalais avec cette frange innocente de la société.
 
D’après certains analystes, la société sénégalaise, dans sa globalité, développe une certaine indifférence à l’égard de l’enfant. Un avis que vient contredire El Hadj Hamidou Kassé, qui trouve même qu’en Afrique et au Sénégal en particulier, il existe une certaine révérence.
« Personnellement, je considère qu’au-delà des droits humains, la petite enfance relève du sacré. Il y a le philosophe allemand Nietzsche qui disait que l’enfance est un oui, un absolu commencement, une innocence et, par conséquent, il est très difficile, voire inacceptable d’assister à un type de rapport avec la petite enfance, avec l’humain en général et la petite enfance en particulier », explique le diplômé en sciences sociales.
 
 « Il n’y a pas de rapport naturellement martyrisant entre les Sénégalais et l’enfance. Ce sont des circonstances qui se sont imposées par la responsabilité ou l’irresponsabilité de certains acteurs. L’enfant, en Afrique, relève du sacré. L’enfant relève d’une certaine divinité ou d’un certain niveau de divinité, parce qu’il est l’absolu. Ce n’est pas encore un corps qui rencontre le péché. Ce n’est pas encore un corps qui rencontre le monde et qui, par conséquent, est corrompu par le monde extérieur. C’est une sacralité, parce que c’est la pureté même de l’humain. Je disais que l’avenir du monde c’est l’enfance au sens où notre aspiration la plus légitime est que nous soyons dans un monde meilleur et il n’y a pas de métaphore plus puissante que l’enfance.  En Afrique, il a toujours été sacré. En Afrique, il a toujours été protégé. Et la preuve c’est que quand on baptise l’enfant, on lui donne le nom du parent le plus proche. Dans l’Afrique post-islamique, le nom le plus sacré est celui du Prophète Mohamed. Et pour témoigner de l’amour, de l’affection qu’on a pour cet enfant, on lui donne ce nom qui est l’un des plus sacrés pour un musulman. Mais également, le fait de donner le nom à sa mère, son père, son frère, etc., relève d’un degré d’affection exceptionnelle. Et donc c’est tout à fait faux de dire que notre société est par essence répressive à l’égard de la petite enfance ».
 
El Hadj Kassé considère qu’il est nécessaire, aujourd’hui, de sortir de « cette logique de dénonciation » et de la responsabilité circulaire de l’État, car, selon lui, les difficultés que vivent les enfants relèvent d’une responsabilité collective. 
 
« Une société, c’est certes l’État en tant qu’expression de l’intérêt général. Mais cet État-là est obligé d’agir sur des particularités. Vous avez des familles maraboutiques ; vous avez des maîtres coraniques ; vous avez une situation au plan économique et social qui explique que ces enfants-là soient jetés dans la rue. Vous avez la famille ; vous avez des associations, etc. C’est tout cela qui constitue la société et l’État est certes l’expression de l’intérêt général, mais il n’en demeure pas moins un acteur et un des acteurs. Et c’est pourquoi je parlais de la responsabilité collective de toute la société. Nous devons procéder à une introspection, parce que c’est en nous tous. Il ne sert à rien d’accabler l’État ou d’accabler la famille ou d’accabler telle institution scolaire, coranique ou autre. Il s’agit d’être affirmatif. C’est-à-dire de se situer dans la proposition qui améliore la situation de ces enfants, les arrache à la rue ».
 
S’agissant de propositions, El Hadj Hamidou Kassé révèle celle du candidat de son parti, Amadou Ba, pour préserver au mieux la petite enfance. « J’ai suivi un tout petit peu cette histoire-là (Ndlr : de la pouponnière) et j’en ai parlé d’ailleurs avec notre candidat qui m’a dit qu’il faut qu’on renforce la CAPE (Cellule d’appui à la protection de l’enfance). Il faudra également renforcer le dispositif, je ne dirai pas juridique, mais répressif par rapport à tout acte qui martyrise la petite enfance. Parce que vous savez, en chaque enfant sommeille la nation tout entière. À notre âge, on peut se défendre, mais ce n’est pas le cas pour la petite enfance. C’est l’innocence dans sa radicalité et, par conséquent, il est important que la société dans son entièreté prenne ses responsabilités ».

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