L’imam Dicko renait de ses cendres, tel un phénix

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À l’assaut du peuple pour reconquérir une sympathie que lui-même a contribué à dilapider aux premières heures de la Transition, l’Imam Mohamoud Dicko a finalement trouvé un créneau inespéré : celui de la laïcité pour rebondir. Disparu des radars par la force des choses, il semble décidé à prendre la tête du nouveau front qui réunit désormais tous les détracteurs de la Transition. En attendant, le déclenchement officiel des hostilités, il était la star du meeting organisé, vendredi dernier, par Limama pour dire «Non» à une nouvelle constitution sur fond de protestation contre la notion de laïcité. Lui qui lors d’une interview accordée à nos confrères de TV5 Monde en 2016, avait réclamé sans ambiguïté un État Républicain, Démocratique et Laïc. Un Etat, avait-il expliqué « dans lequel tous les Maliens se reconnaissent quels que soient leurs opinions.

Qu’est ce qui a changé depuis pour que Dicko décide de prendre la tête d’un mouvement contre la laïcité, un concept universel qui a pourtant figuré dans les trois constitutions que le Mali a connues depuis son indépendance.

Selon l’Imam, la laïcité telle que mentionnée dans le projet de nouvelle constitution est une laïcité radicale qui menace l’islam en donnant l’autorisation à des gens qui ont juré de déraciner l’islam dans ce pays. Et ça n’est pas tout. Pour l’ex président du haut Conseil Islamique du Mali, c’est au nom de cette laïcité que le Coran est piétiné, Allah et son prophète profanés, etc. «S’ils pensent que je vais me taire sur ça, qu’ils se détrompent», a-t-il lancé, avant de tomber à bras raccourcis sur les autorités de la Transition qu’il accuse d’avoir volé la révolution du peuple, dénaturé l’histoire et transformé les victimes en bourreaux.

Selon lui, trois ans après la chute du régime IBK, les mêmes pratiques perdurent, à savoir : «la corruption à ciel ouvert, le népotisme, le clientélisme ». Pis, la justice, toujours selon lui, est mise au service des militaires pour réprimer toutes les voies discordantes, notamment toute personne qui osera dire « NON ». Conséquence, à ses yeux, on ne peut plus parler de démocratie et d’État de droit, s’est-il indigné, avant de promettre à ses partisans qu’il ne se taira pas. «Je préfère mourir en martyr que de vivre en traître…de trahir ma parole … ceux qui sont avec moi et ceux qui nous ont quittés», a martelé l’Imam de Badalabougou en réclamant justice pour les 23 jeunes qui sont morts aux portes de sa mosquée les 11 et 12 août 2020. Seulement voilà : Dicko semble avoir manqué l’occasion de rendre justice à ses martyrs de 2020, pour avoir eu droit au chapitre pendant les premières heures de la transition. À s’en tenir à ses propres mots, en sa qualité d’autorité morale du M5 qui a eu le privilège de choisir le premier PM de transition.

Sans cette justice, l’Imam Dicko qui avait collaboré avec Bah N’daw et Moctar Ouane jure la main sur le cœur de ne jamais collaborer avec des gens qui bâillonnent le peuple après avoir confisqués sa lutte « Je ne peux pas combattre IBK, qui m’a tout donné, et venir soutenir les mêmes pratiques », s’est justifié l’imam avant d’appeler le peuple à se libérer.

Incompris du haut de ses 70 ans, selon ses explications, l’Imam Dicko a conclu son propos par une prophétie sur la fin de la Transition. Sauf qu’à la différence du dernier meeting de la lutte du M5 où il avait annoncé la chute du régime quelques jours plus tôt après un passage chez un certain Cheko Lassana Kané, Mahmoud Dicko, cette fois ne peut compter que sur ses propres forces. Et pour cause : tenez-vous bien, tout comme son Charafou Charafa de Nioro et le guide spirituel des Ançars, le Chérif de Bancono, Lassana Kané, est également un partisan du «OUI». Et contrairement à ce que ne pensent d’aucuns, l’Imam Dicko est loin de rafler la totalité des Imams, à en juger du moins par les répliques suscitées par sa sortie. Même Mahi Ouattara, qui ne cesse de lancer des piques était un abonné absent.

Amidou Keita

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